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"Elémentaire mon cher Watson..."

"Elémentaire mon cher Watson..."
  • Vous pourrez lire des nouvelles policières (ou non) écrites par des gens du monde entier s'étant rencontrés en aout 2008 en Belgique. Ce site est né de cette association d'apprentis auteurs. Bonne lecture!
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11 septembre 2008

Les Gauloises blondes

J’ai l’habitude de me lever tôt. Un peu d’eau froide sur la figure. Les mains et les dents propres. Quelques croquettes pour le chien et une tartine à la rhubarbe pour moi. Un regard pour maman. La machine à laver qui tourne. La porte du garage qui chuinte. Comme toujours. La voiture qui toussote. Comme toujours.

Sam, que je promène tous les jours dans les environs du lac, semble nerveux… Ca ne lui ressemble pas. L’air est pourtant frais et agréable. Le soleil dévoile la blancheur d’un délicat voile brumeux. J’entends Sam qui aboie au loin. Arrivé à sa hauteur, j’aperçois à quelques mètres de la berge une masse informe qui flotte à la surface. Intrigué, je m’approche et découvre qu’il s’agit du corps d’un jeune garçon. Antonin, le fils d’une aide soignante qui s’était occupé de ma mère ! Sans hésiter, je plonge dans l’eau glacée et le ramène sur la terre ferme. Il respire. Je l’enveloppe dans une couverture et appelle les secours.

***

Après ma déposition, j’arrive au journal. J’informe mon rédacteur en chef des faits et il me charge d’enquêter sur l’affaire. La situation me paraît bizarre. Je suis impliqué en tant que témoin et je dois à présent changer de point de vue pour prendre celui de l’enquêteur. Cela dit, ça peut aussi être un avantage… Quelques éléments m’ont peut-être échappé ce matin, des détails qui pourraient nourrir mon article et surtout expliquer ce qui s’était passé près du lac. C’est de là que doit partir mon raisonnement. C’est comme ça que je pourrai défricher un peu la question. Prendre des points de vues divers et entrer dans des rôles différents. C’est toujours comme ça que je procède dans les affaires de la sorte : se mettre dans la peau de l’agresseur, prendre l’œil du policier, avoir le recul du journaliste et bénéficier du vécu du témoin. Et cette fois donc, comme témoin, j’ai le « privilège » d’avoir tous les éléments à portée de mains. Je pense notamment aux impressions, senteurs, ombres et lumières. Et j’essaye à cet instant de me replonger dans celles qui me restent de la matinée. Ombres et lumières. Me voilà debout sur un fil, tel un funambule, qui peut chavirer d’un côté ou de l’autre à tout moment. Mais je reste un professionnel et l’expérience de mes années de métier me rassure malgré le fait que, cette fois, je sois partie participante.

Après m’être laissé submergé un temps par ce que j’avais vécu ce matin, bénéficiant des petites informations glanées au fil des souvenirs, je laisse progressivement place au raisonnement. Qu’est-ce qui expliquerait ce que cet enfant faisait à cette heure et à cet endroit ? L’enfant… les bras en croix… en pyjama… Mais des éléments me manquent quant aux circonstances qui auraient pu conduire à ce drame. Drame, c’est le mot. Celui que je pense utiliser pour qualifier cette affaire dans mon article. Fugue ou accident, acte crapuleux ou crime prémédité ? Il faut éclaircir certaines choses, même si une fugue me semble peu plausible chez un garçon de cet âge.

A l’hôpital, on me dit trois choses : que l’enfant ne s’est toujours pas réveillé, que les premiers examens n’ont pas montré de traces de sévices sexuels récents et que l’on essaye, en vain jusqu’à présent, de contacter sa maman.

Lors de mes premières interviews, une information d’importance m’est donnée à la Haie Dorée, le café de Bois-sur-Senne, sans pour autant pouvoir en mesurer toute la pertinence. Le tenancier est un jeune homme d’une trentaine d’année, assez simple, mais joli garçon. Il connaît bien Annie Vanrie, la maman, laquelle, me dit-il, « est gentille et discrète et m’achète régulièrement des Gauloises Blondes ». Tandis que je lui parle, un homme accoudé au bar interrompt notre conversation :

- Ca m’étonnerait pas qu’ce soit l’garagiste qui ait fait le coup. L’était l’amant d’cette femme jusqu’à y a quinze jours. Et puis j’l’ai vu se battre avec le paternel du gamin. C’tait à mon dernier entretien au garage. J’vais vous dire, mon grand, c’que j’ai entendu d’la bouche du légitime ce jour-là : « Je suis son père et je le resterai ! ». Et puis c’que j’ai vu surtout, c’est l’regard de c’t’enfant, à moitié plié su’l’banquette qui essayait d’se boucher les oreilles avec ses bras. Et puis j’me rappelle aussi qu’il avait c’te tache brunâtre dans les ch’veux…

- Arrête de boire, Tom, s’écrie le tenancier en riant. Ne l’écoutez pas, Monsieur, ajoute-t-il en se retournant sur moi, Tom tuerait père et mère pour être dans le journal. Et puis il n’est pas à sa première pinte !

Voilà ce dont je devais me contenter après plusieurs heures de recherches et de discussions. Une dispute et une tache que je ne me souviens pas avoir vu ce matin. Tout ça de la bouche d’un poivrot notoire ! Cela dit, si cette aventure s’avérait exacte, ça pourrait dénouer beaucoup de choses. Le père et le garagiste. Voilà en effet deux personnes qui pouvaient partiellement expliquer la présence de cet enfant près du lac en pyjama et pieds nus vers les six heures du matin. Et la mère, l’aide soignante, quel était son rôle dans cette histoire ? Une autre piste à éclaircir.

Plus tard, quelqu’un d’autre me confirmera que le garagiste, cet homme costaud, rustre, marginal, était l’amant de la mère d’Antonin depuis plus de deux ans et qu’il s’était fort attaché à l’enfant. Quant au père, à part Tom, personne ne l’aurait vu depuis longtemps. Ce qui est étonnant car, en général, dans les villages de la région, peu de choses passent inaperçues, ce qui est d’ailleurs fort pratique pour un journaliste de ma trempe. Je me décide alors de me rendre au garage. Mais personne ne répond. Je devais en avoir l’explication une vingtaine de minutes plus tard, quand mon rédac’ chef me téléphone pour m’annoncer qu’Annie Vanrie, la mère d’Antonin, avait été retrouvée morte le crâne fracassé et que son amant, Frédéric Hornie, garagiste-ferrailleur, avait été interpellé un peu plus tôt. Les policiers désiraient connaître son emploi du temps.

Epuisé par cette longue journée, je retourne chez moi et je réfléchis à la suite des événements. Voilà que l’enquête s’ouvre sur de nouvelles perspectives. Il s’agit à présent d’un meurtre accompagné d’une tentative de meurtre. Une véritable sauvagerie. Frédéric, le coupable idéal ? Possible. Mais je préfère les certitudes et tout ça me paraît un peu trop simple… ce qui peut d’ailleurs très bien jouer en faveur comme en défaveur du suspect. Pour la suite, je décide de fonctionner en deux temps. D’abord m’informer sur les avancements de l’enquête auprès de la police et leur faire part de ce que j’ai appris. Ensuite, aller voir Etienne Vanrie, bourgmestre et donc chef de la police, mais aussi respectivement père et grand-père des deux victimes. Ce qui fait de lui une personne particulièrement intéressante à interviewer.

Le lendemain, vers 10h, je me rends à la police. Ils commencent par me reposer des questions sur les circonstances de la découverte de l’enfant. De petites précisions. Informés de mes rencontres au village et de mes observations, les policiers évoquent brièvement où ils en sont. Frédéric se serait disputé avec Annie et la dispute aurait mal tourné. Antoine aurait pu en être le témoin et l’homme aurait décidé de le supprimer à son tour. Un marteau taché de sang a été retrouvé. Aucune empreinte n’apparaît sur le manche ; il aurait été nettoyé. Il s’agit de la marque que Frédéric utilise dans son garage. Une marque assez rare… Par contre, la police est toujours à la recherche des pantoufles Gaston Lagaffe de l’enfant. Ces pantoufles auraient laissé des traces dans la boue qui se trouve entre la maison de la famille et la route mais n’auraient pas été retrouvées, ni aux abords de la route, ni aux abords du lac. Avant de partir, je fais remarquer aux inspecteurs que le père d’Antoine aurait très bien pu prendre ce marteau chez le garagiste afin de l’accuser. Car sinon, pourquoi effacer les empreintes ?

Je me rends ensuite dans le bureau du bourgmestre. Je m’attendais à trouver un homme effondré et inquiet pour la santé de son petit fils. Mais l’homme fait bonne figure, me sourit et me remercie d’avoir sorti Antonin de l’eau avec une pointe d’embarras assez étrange. Je lui demande son avis sur le coupable présumé. Il fait mine de s’en étonner, me dit que c’était pourtant un homme sympathique et courageux. Je lui fais part du portrait, sensiblement différent, que plusieurs personnes m’ont donné au village. Devenu soudainement plus nerveux, il me dit :

- Ces gens ne savent pas ce qu’ils disent. Cet homme est digne de confiance !

- Vous pensez plutôt à quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ?, lui demandai-je.

Il acquiesce d’un geste de la tête, puis son visage se ferme complètement. Un animal visqueux qui rentre dans sa coquille.

Et j’ajoute :

- Le père d’Antonin ? Un homme violent, n’est-ce pas ?

Mais à ces deux questions je ne reçois aucune réponse. Je comprends que je dois me retirer et je retourne au journal pour mettre tous les événements des derniers jours sur papier. Une fois le travail achevé, plusieurs questions me taraudent encore et semblent ne pas trouver d’éléments de réponse clairs. Mais elles s’envolent dès que le téléphone sonne.

***

C’est la police. Antonin s’est réveillé. Il accuse Frédéric. C’est bien lui qui s’est battu avec sa mère ce soir là. Il a reconnu sa voix. C’est lui qui est venu dans sa chambre plus tard. Il en est persuadé. Et c’est donc lui qui l’a emmené au lac et qui a tenté de le noyer. Face à ces accusations, le vigoureux garagiste n’a pas tenu. Il s’est défenestré, comme découvert, comme un aveu.

***

Je suis rentré chez moi et j’ai allumé l’âtre qui domine mon salon. J’ai récupéré le sachet en plastique que j’avais laissé sous mon siège, comme pour dénoncer quelqu’un « au cas où ». J’ai regardé ma mère dans son cadre en bois, morte parce qu’Annie Vanrie s’était trompée dans ses médicaments. Et je jette le plastique dans les flammes. Et je souris en voyant le visage de Gaston Lagaffe se noircir et fondre sur ce petit 32.

Michael

Nioung

Catherine

Donatienne

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26 août 2008

Entre Famille

« - Écoute, je te laisse, j'arrive au centre d'archives. J'en ai au moins pour deux heures à lire tout ce qui concerne cette affaire. Je t'appelle ce soir.»


Pff... Quelle chouette après-midi... J'en ai déjà marre. Il faut que je finisse ce mémoire dans trois mois. Une mère assassinée, un enfant quasi noyé trouvé dans un lac, un coupable qui se dénonce... Je ne vois pas ce que je vais pouvoir pondre là-dessus.


«Tout commence vendredi matin lorsqu' un retraité de Louvain qui promène son chien au bord du lac a aperçu à six mètres de la berge un petit corps vêtu d'un pyjama, bras et jambes en croix flottant sur le dos à la surface. /.../ Dans une pièce voisine, sa mère, Marie, est en train de se disputer avec son ex-compagnon Thomas. /.../ L'homme a tout avoué avant d'être mis en examen pour homicide volontaire et tentative d'assassinat – il reste présumé innocent.»


Le petit José a été confié par le jugé a son grand-père qui a tenu une conférence de presse pour donner des nouvelles de l'enfant et pour exprimer aussi son incompréhension devant le comportement inqualifiable de Thomas: - C'était quelqu'un de franc, carré, courageux, travailleur, a déclaré le grand-père effondré. »

Je vais commencer par le grand-père, un petit coup de fil.

    • Bonjour, monsieur. J'ai quelques questions à vous poser sur la tragédie qui est tombée sur votre famille.

    • ...

    • Oui, je sais qu'il y a déjà quelques mois que l'affaire est résolue, mais je fais un travail de recherche et j'aimerais bien vous poser quelques questions.

    • ...

    • Merci, monsieur.

    • ...

    • L'enfant, comment va-t-il?

    • ...

    • Bien sûr, je comprends qu'il ne veut parler à personne. Et qu'est-ce que vous avez à dire sur l'assassin, monsieur Thomas?

    • ...

    • Oui, oui, personne ne l'imaginait. Et le père biologique de l'enfant? Il habite à Paris, n'est-ce pas?

    • ...

    • Je comprends... merci pour le temps que vous m'avez consacré.


Quant à Thomas, il ne veut pas me recevoir. Pourquoi? C'est dommage... D'ordinaire les prisonniers aiment recevoir des visites et en plus il est déjà en prison depuis presque un an. Hum... Je cherche donc sa famille.


Elle retrouve la piste de la famille grâce aux Pages Jaunes, il y avait beaucoup de Dupré, donc elle a perdu quelques jours à téléphoner, mais finalement elle a réussi. Elle connaît le lieu où ils habitent. Il ne lui reste que à y aller.

Il pleut, mais elle ne peut pas attendre plus longtemps. Elle est bien curieuse de savoir comment elle est, la famille de l´assassin. Elle a arrêté sa voiture au coin d´une cafétéria, il y avait pas mal de gens prenant du café et de la bière. Commeelle a oublié son parapluie, il lui faut de courir près de la maison. Mais d’ abord, elle fait une petite observation. On peut voir sa façade, la fille curieuse reste tranquille dans son refuge. Les murs sont grisâtres, l´enduit est abîmé, la peinture des fenêtres est écaillée et il y a même une vitre fendue.


Il lui faut sonner deux fois avant qu'une femme aux grands yeux noirs lui ouvre la porte. Elle entre toute mouillée et c'est la surprise quand ces beaux yeux commencent à parler:

    • Je suis la femme de Monsieur Dupré et celui-ci c'est notre petit.


Je regardais attentivement le petit garçon, lui aussi avait de grands yeux noirs comme sa mère. Quand on le regardait, on était tout de suite attiré par ses beaux yeux dans un visage pâle et maigre. Ses cheveux étaient rasés et comme c'était encore la matinée, l'enfant portait un pyjama Gaston Lagaffe. Il était assis, en train de regarder des dessins animés à la télé. C'était un énorme écran LCD. J'ai remarqué une plaquette d'argent Sony en bas.


    • Vous voulez du thé ou du café, Madame hmmm...

    • Pardon, j'ai oublié de me présenter. Mademoiselle Legrand. Je veux bien prendre une tasse de thé, c'est gentil, merci.


La femme est allée chercher une tasse de thé tandis que je suis restée assise dans un fauteuil confortable près d’une petite table. J’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de photos accrochées sur le mur. J’avais envie de me lever et d'aller les voir, mais tout d’un coup mes yeux ont été attirés par quelque chose d’autre, par les chiffres. Je rêve depuis longtemps d’avoir cette somme sur mon compte. La vie serait plus simple. Et oui!


    • Et alors, qu'est ce vous voulez encore savoir?


La femme retourne avec une tasse de thé. Il paraît que je suis quelqu’un de très important. Un porcelaine de Chine. Je n’ai jamais vu ça! Mais, c’est mon tour :


    • Je veux dire que j'étais vraiment surprise de savoir que Thomas était marié.

    • Être marié, ce n’est rien surprenant. Et avoir une maîtresse, c’est aussi très courant

dans la vie des hommes, vous ne pensez pas ?

    • Ben, je sais pas. C’est, comment on dit….

    • Vous savez, il y a des choses que vous ne pouvez pas comprendre. Vous êtes encore trop jeune. Vous ne connaissez pas encore ce que ça veut dire la vie. Je vous jure que mon Thomas n'avait pas aucune relation avec cette femme, qu'on dit qu'il a tué.

    • Vraiment...

    • Et, pauvre enfant, je suis très triste pour lui. Vous savez comment il va?


Après un certain moment de parler, le petit garçon est venu pour me dire au revoir, son frère est venu pour le chercher et ils partent. Je n’ai pas vu un autre garçon, mais il paraît qu’ il a déjà plus que 16 ans. Sa voix était sonore. La femme a l’air d’être fatiguée, mais je n’ose pas de lui demander pourquoi, elle a les yeux cernes. Comme si son amour n’a pas été payé de retour. Cette femme a été plutôt gentille avec moi, elle m’a raconté des choses intéressantes et peut être ses grands yeux vont m’aider à éclairer cette affaire, je n’en sais rien. Il est évident maintenant qu’elle aime son mari d’un amour pieux.


« Le TGV pour Paris, quai numéro 1. Veuillez monter, le train va partir dans 5 minutes. »


Elle étudie attentivement la carte de Paris. Comme c’est grand ! Les Champs Élysées, le Boulevard St. Martin, rue St. Honoré et le Quartier Latin. Il faut aller plus loin. Encore plus. Et voilà, c’est là, c’est la rue qu’elle cherche. Il faut prendre le métro ou bien le taxi peut-être. Ça va coûter cher, mais comme ça elle ne perd pas son temps. Jacques l’attend à minuit à la gare, il faut qu’elle retourne à temps.

Un immeuble des années 60 est un peu bizarre, les murs étaient peints récemment, mais les escaliers sont à moitié détruits. Pas d’ascenseur. Il faut monter jusqu’ au 6ème étage. C’est tout en haut.


Je frappe alors. Ups. Mes mains tremblent un peu. Je me souviens ce que notre prof de psycho a dit pendant nos cours. « On doit toujours garder la tête froide ! » 

J’y vais. XXX./=son pour frapper a la porte/ Quelqu’un arrive…

  • Excusez-moi de vous déranger. Vous êtes le père de José et c’est pourquoi je suis venue.

  • Eh, bien, entrez. Asseyez-vous dans le salon. J’arrive dans une seconde.


Son appartement est propre. Le meuble moderne est placé dans le couloir et même au salon. Il y a un grand sofa violet, une table noir, un tapis brun par terre. Les murs sont blancs. C’est un peu froid. Il n’ y a pas de fleurs, aucune décoration, même pas de photos. L'habitation est élégante mais impersonnelle, en ressemblance à son propriétaire.


Il habite seul ici ? Je ne me souviens pas très bien, mais il n’était pas mariée après la divorce avec Marie. Pourtant, il est beau et élégant…

  • Qu’est-ce que vous désirez ?

  • Parler un peu de José…

  • José est un enfant que je ne connais pas très bien. Il était encore petit quand nous nous sommes décidés à nous séparer.

  • Vous savez ce qui s’est passé et qu’on lui a donné le nom « l'enfant du lac » ?!

  • Oui, j’ai lu dans les journaux. Mais je connais pas sa personnalité, je peux pas vous en dire plus. En plus, ça fait déjà des années que je ne l’ai pas vu !

  • Il n’est jamais venu pour passer ses vacances avec vous ?

  • Pourquoi faire ça ?! C’est pas mon sang.

  • Il est votre fils !

  • Arrêtez Mademoiselle !

  • Pourquoi vous ne l’aimez pas ? Pourquoi vous ne voulez pas vous occuper de lui ?


L’homme a commencé à être un peu nerveux. Son humeur a changé rapidement après les questions. 


J’ai jeté de l’huile sur le feu sans m’en rendre compte.


Il s'est levé brusquement, au même temps qu'un frisson a parcouru tout le corps de l'aspirante à enquêtrice. L'homme restait debout devant la fenêtre sans rien dire, il avait fixé son regard sur un point de l'horizon. Il est resté comme ça pendant quelques minutes, la jeune étudiante restait assise, en regardant son interlocuteur. Après, son regard a scruté le salon, sous le sol auprès de la table il y avait une dizaine de bouteilles vides ainsi que des paquets de cigarettes.


D'un coup, il s'est approché de moi de telle façon que je sentais son souffle sur mon visage. Il était vraiment nerveux, les paroles étaient un ruisseau qui sortait de sa bouche:


- Ça suffit. Je ne veux plus entendre que j'ai des obligations envers l'enfant. Le garçon n'est pas mon enfant, pourtant on m'a toujours chargé avec des responsabilités qui ne sont pas à moi. J'en ai marre. Tu sais, je n'ai pas aucun regret d'avoir quitté cette femme, elle était quelqu'un de très difficile, elle m'a dit qu'elle ne savait pas même qui était le père de son enfant. Et tu vois, évidemment qu'elle le savait... mais elle n'a jamais raconté cela à personne. Elle cachait tout le temps des secrets. C'est pour ça que je l'ai quitté. Son père, au contraire, était quelqu'un de très bien, il voulait l'aider, il était toujours disponible, mais elle s'en foutait.

Je suis sortie de l'appartement sûre que j'avais parlé avec un sanguinaire, avec quelqu'un de révolté, capable de commettre une action insensée. Il y avait beaucoup de rage. Caché dedans de cette apparence de mouton, il y avait sûrement un loup.

Quand je suis rentrée dans le train, j'étais en eau. Ce mec là pouvait vraiment être le meurtrier de Marie. Il m´a fait vraiment peur, à un moment. À mon avis, il ne regrettait pas la tragédie qui s'est abattue sur son ancienne femme et sur son enfant. Bon, il faut garder la tête froide. Voyons, le grand-père aimait beaucoup sa fille, il essayait de l'aider, il a aussi pris la garde de son petit-fils. Par contre, cet homme à qui j'ai eu rendre visite pouvait être le vrai assassin. Je ne croyais plus que l'assassin était Thomas. Après la visite à sa famille, il était évident que quelqu'un avait payé ce garagiste pour séduire cette femme et après la tuer, elle et son enfant. Mais pourquoi l'enfant aussi? Thomas avait besoin de l'argent, son fils était malade, mais je ne crois pas qu'il ait arrivé à le faire. Le fait qu'il ait avoué, ne fait de lui le coupable. Mais qui l'a payé? L'ancien mari de Marie? Ou peut-être le père biologique de l'enfant? Pourquoi personne ne sait qui est le père de cet enfant? Même le grand-père n'a pas voulu parler du père biologique de José quand je lui a donné un coup de fil. Et pourquoi est-ce qu'on a essayé de noyer l'enfant?

Mademoiselle Legrand est perdue dans ses pensées. Elle n'arrivait pas à déchiffrer cette étrange affaire. Finalement elle s'est endormie, complètement épuisée.

Le lendemain, notre enquêtrice rend une visite à la maison du crime. C´était une petite maison, très propre, avec un petit jardin où il y avait encore quelques jouets perdus, oubliés. L'intérieur de la maison était encore comme Marie l'avait laissé la nuit où elle est devenue un jouet du destin. S'il n'y avait pas tellement de poussière, on penserait que Marie y habitait encore.

Elle est restée debout, immobile, au milieu du salon. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle cherchait. Après un moment d'hésitation, la jeune fille prend un album de photos. Elle reste presque une heure, assise sur un divan. Il n'y avait pas mal de photos de José. Il y avait seulement des photos de l'enfant et de la mère, pas de présence masculine, sauf une photo récent de Thomas. L'univers familial était réduit à deux personnes.


Le lendemain de ma visite à la maison de Marie, j'étais sûre que l'identité du père de José était la clé de ce mystère. Il faudrait d'abord le rencontrer. Je comptais sur l'aide du grand-père. Nous nous sommes rencontrés dans un café, très charmant, dans le centre ville. Je lui a exposé toutes mes doutes, il m'écoutait attentivement. Pour prouver ma théorie j'avais uniquement besoin de sa permission pour que l'enfant fasse un test d'ADN.

Le jour suivant, un homme promène son chien auprès du lac de Louvain, il aperçoit un corps dans le lac. C'est un homme, bras et jambes en croix flottant sur le dos à la surface.


Deux jours plus tard, très tôt le matin, notre jeune enquêtrice est en train d'aller au centre d'archives et elle s'arrête pour acheter les cigarettes et ses yeux sont attirés par la une des journaux.


Le maire: l'horreur!

Le maire trouvé dans le lac de Louvain, bras et jambes en croix flottant sur le dos à la surface.


Les aveux écrits du maire: il n'était pas le grand-père mais le père


Le garagiste, payé par le maire, a avoué un crime pour sauver son enfant malade.


Le corps retrouvé flottant à la surface du lac


Retrouvailles émouvantes de l'enfant du lac avec son beau-père, Thomas



Celineke:

celineke79@hotmail.com

Johanes:

johanes@inmail.sk

Sophia:

sophia.costa@portugalmail.pt

18 août 2008

La drache

 

 

       La drache noyait la vitre du velux. À travers le ruissellement de l’eau, le clocher de l’église Saint-François gondolait. C’était bien la Belgique, à deux cents lieues d’Assise où le Poverello, dan son Cantique des Créatures, avait chanté le Soleil.

Et pourtant, Jacques était heureux.

Il regardait avec bienveillance le désordre typiquement estudiantin qui peu à peu s’organisait dans son kot et qui rivalisait avec celui qui prospérait dans la chambre de Ludovic. Sur le lit défait, surnageaient un caleçon américain, une rame de papier à dessin, une farde  pleine de photocopies d’une nouvelle de Simenon. L’étagère, sensée servir au rangement, était presque vide : quelques livres seulement, posés à plat. À la barre en inox fixée près de l’évier, entre deux essuis, pendait un parapluie bleu sous lequel brillait une petite flaque circulaire. De l’autre côté, le  portemanteau ployait sous deux pantalons, trois chemises,  un imper… Il est vrai que la garde-robe manquait cruellement de cintres. Le veston, sur le dossier de la chaise, et la cravate de soie brun rouille qui le chevauchait étaient insolites dans ce décor.

Sur le fauteuil où les koteurs précédents avaient déposé diverses traces de leur passage, un plan de Louvain-la-Neuve, dans une pochette en plastique, outil indispensable pour Jacques. Il cumulait deux tares héréditaires : un manque complet de sens d’orientation et une absence tout aussi radicale de mémoire des lieux. Pour lui, l’espace n’était donc pas ce en quoi s’inscrit le mouvement, mais le contenant d’objet plus ou moins beaux ou plus ou moins symboliques.

Sur le rectangle d’agglo recouvert d’une feuille de formica imitant le hêtres qui faisait office de tablette de bureau, subsistait un quadrilatère de 35 cm sur 45 dont se contentait un PC portable. Celui-ci était entouré d’objets familiers : portefeuille, trousseau de clé, médicaments contre l’hypertension, pot de confiture, sachet de confiture, tire-bouchon, fluos, bics de toutes les couleurs, cahiers d’écoliers, plan de Bruxelles, appareil photo numérique, paquet de chips, bouteille de coca à moitié vide, bug au fond du quel restait un fond de thé, gros roman d’un auteur polonais qui, sans doute ne serait jamais lu jusqu’au bout…

Jacques écrivait. Cela ne lui était plus arrivé depuis longtemps. Cela coulait librement, comme la pluie sur les toits et sur le lac qui en avait la chair de poule.  Il avait retrouvé l’envie et le plaisir de pianoter sur le clavier noir de portable et pour faire apparaître sur l’écran des mots et des phrases suggérant un petit monde plein de personnages dont il serait le père et l’ami durant quelques jours. Le temps de finir une nouvelle. Cette fois, il ne cherchait pas à exorciser les démons qui le poussaient parfois vers la déprime. Au contraire, il célébrait le bonheur de partager la vie, celle qui nous prend et celle qu’on imagine, avec des personnes que l’on croise sur de vrais chemins ou sur les routes du rêves, les uns et les autres, d’ailleurs se confondant parfois. Il s’était aventuré sur un sentier d’écriture buissonnière avec treize jeunes stagiaires. Il gardait sur sa peau un parfum de feuille et de l’herbe. Il s’était souvent dit que l’essentiel est le chemin. On n’atteint jamais le but. On vit tant qu’on marche. Le vent dans les feuilles murmure le mystère dans lequel on pénètre.

Ici, à Louvain-la-Neuve, il avait éprouvé ce qu’il avait redécouvert au printemps, la joie d’être jeune, les soirées où le temps ne compte plus, les cafés du soir et le café du matin, les projets dont on ne se demande pas d'emblée s’ils sont réalisables. Il s’était senti vivant et vibrant. Respirant à fond l’air de la nuit après l’averse.

 

Il avait  laissé s’aimer en lui raison et folie. Au moment où il venait d’enfoncer, la touche de l’e pour terminer le mot folie, le soleil, s’était engouffré dans une échancrure de nuages. Il avait traversé le velux et s’était allongé sur le clavier du PC, avec une chaude sensualité de chat. Jacques avait ouvert le velux. Des tourterelles chantaient. Quelqu’un sifflait une ancienne chanson de Ferrat :

 

 

Le vent dans tes cheveux blonds

Le soleil à l’horizon,

Quelques mots d’une chanson,

Que c’est beau, c’est beau la vie…

 

 

Une vague de souvenir l’avait submergé. Il était resté longtemps les yeux clos. L’image de l’écran de l’ordinateur avait peu à peu quitté ses rétines. Dans l’espace frémissant sous ses paupières étaient apparus les visages de ses stagiaires, qui, cet après-midi encore, autour de leur ordinateur, créaient une nouvelle policière. Il avait revu leurs regards pétillants et complices, ou  plongés en eux-mêmes. Il gardait dans l’oreille les textes qu’ils avaient conçus, mêlant humour et poésie, débordant de cette imagination que seuls ont et gardent ceux qui trouvent que les pages des livres ressemblent à des ailes d’oiseaux. Il savait qu’il avait vécu avec Catherine, Sandrine, Darrag, Céline, Olivier, Jolana, Sofia, Michaël, Olivier, Margaux, Nhung, Anh, Donatienne, des moments qui, dans leur intense fugacité, attestent qu’existe une certaine éternité et un bonheur certain.

 

Jacques LEFEBVRE

Louvain-la-Neuve

11 août 2008

9 août 2008

Bonjour

Bonjour à tous et à toutes,
Vous voici sur le blog "nouvelles fle". Que cela signifie-t-il? Nouvelles pour genre littéraire mais aussi pour découvertes, idées novatrices, réactions, etc.
FLE : français langue étrangère, ce qui signifie que les auteurs des textes que vous lirez n'ont pas tous le français comme langue maternelle. C'est ce qui fait la richesse de ce blog. L'interculturel et l'écriture, des accents internationaux, des rencontres aussi... Des textes à lire, à relire, à commenter, à dire ou à chuchoter... dans le noir ou par temps gris... pour se donner des frissons dans le dos... un petit coup d'adrénaline... et hop! Vous voilà partis dans l'univers de la nouvelle policière... des maigret et autres colombo ou club des cinq... 

Les membres de ce blog se présenteront ci-dessous en commentaires à ce message. ;) n'est-ce pas??

Bonne lecture, et donnez nous vos avis... sur notre petit laboratoire de littérature potentielle et interculturelle!


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